Déjà présent sur les planches le 25 novembre dernier, l’Orchestre national d’Île-de-France (ONDIF) sera de retour au Théâtre de Brunoy le samedi 9 décembre et le vendredi 19 janvier pour deux nouveaux concerts. L’occasion d’aller à la rencontre des deux Brunoyens qui font partie des 95 musiciens permanents de l’ONDIF, Natacha Colmez-Collard (violoncelliste solo) et Luca Mariani (hautbois solo), de revenir sur leur parcours et sur leur souhait de décloisonner l’univers de la musique symphonique.
· Vous êtes tous les deux membres de l’Orchestre national d’Île-de-France. Quel a été votre parcours musical ?
Luca : J’ai commencé le hautbois à l’âge de 7 ans. C’est un instrument peu connu du grand public mais j’aimais beaucoup sa sonorité. J’ai fait le choix d’en faire mon métier à 18 ans en me dirigeant vers le Conservatoire supérieur de Lyon. J’ai ensuite travaillé plusieurs années à Berlin, puis à Genève avant de passer le concours de l’Orchestre national d’Île-de-France en 2020 et de m’installer à Brunoy avec ma famille. Je cherchais une ville près de la Maison de l’Orchestre à Alfortville et de la Philharmonie de Paris. Le Val d’Yerres était un bon entre-deux avec un cadre de vie très agréable !
Natacha : De mon côté, j’ai commencé la musique avec le violon à l’âge de 4 ans. J’ai passé un an à regarder la salle d’à côté et à répéter que ce que je voulais faire c’était du violoncelle parce que je voulais jouer assisse, j’ai donc changé de cours l’année d’après. Sans pour autant dire que je savais que j’allais en faire mon métier, j’ai eu des horaires aménagés dès le CM2 et j’ai fait tout le cursus pour. J’ai étudié au Conservatoire de Paris avant d’intégrer l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg puis l’ONDIF il y a 11 ans en tant que violoncelliste de rang, puis violoncelliste solo depuis 6 ans.
· Après avoir joué le 25 novembre, l’ONDIF sera de retour le 9 décembre et le 19 janvier pour deux autres concerts. En quoi seront-ils différents ?
Natacha : Le concert de décembre « Bal à Vienne », c’est celui où tous les gens qui n’écoutent jamais de musique classique doivent venir ! C’est le concert de Noël par excellence, avec des musiques de valses très festives. Ce sont beaucoup de scènes courtes qui s’enchainent, c’est très rythmé et parfaitement adapté à un public familial. En janvier, il s’agit du concert officiel des 50 ans de l’ONDIF avec l’orchestre au complet autour de la Symphonie du Nouveau Monde d’Antonín Dvořák, un des tubes de la musique classique. Ce sera un concert avec une forme plus traditionnelle, à travers un concerto pour violon de Brahms avec la violoniste solo de l’orchestre, Ann-Estelle Médouze. Là encore, c’est un programme très accessible avec des thèmes connus du grand public.
Luca : Les trois concerts que nous jouons à Brunoy sont vraiment très différents pour plaire à tous les publics. Nous sommes d’ailleurs un des seuls orchestres sur la région et peut-être même du territoire à être capable de proposer des programmes divers avec des effectifs si différents : un petit effectif autour de la musique baroque en novembre, un effectif plus grand pour un concert festif en décembre, et le gros effectif symphonique sur un programme traditionnel en janvier. Cela demande beaucoup de flexibilité et de dynamisme !
« On est l’orchestre de tous les Franciliens »
· Vous êtes tous les deux Brunoyens, qu’est-ce que cela fait de jouer dans sa ville ?
Natacha : C’est la première fois que je joue à Brunoy depuis que j’y habite, soit 2020, et c’est une grande fierté ! Je connais pas mal de personnes qui seront présentes et ça me fait très plaisir. C’est une ancienne directrice de l’ONDIF qui avait eu cette formulation que je trouve très jolie et très juste lors d’un concert : « cet orchestre c’est votre orchestre » et c’est vraiment ça, on est l’orchestre de tous les Franciliens !
Luca : C’est vrai que c’est toujours très plaisant de jouer pour des visages familiers ! Moi qui ne suis pas du tout Francilien, je découvre aussi la région parisienne au moment des concerts. Je me suis longtemps demandé à quoi servait mon métier, c’est un très beau métier que j’adore, mais je me suis longtemps posé la question de l’utilité publique et depuis que je suis à l’ONDIF, j’ai vraiment le sentiment d’avoir trouvé des réponses. Notamment l’année dernière au moment de notre programme de rentrée qu’on a joué à la Philharmonie de Paris, au Château de Versailles puis à Vitry. Le public était totalement différent, mais les salles étaient pleines et il y avait un grand enthousiasme !
· L’ONDIF a la particularité de se déplacer dans toute la région et d’écumer les salles de toutes tailles. En quoi est-ce important ?
Natacha : Le but de l’ONDIF est de partager notre patrimoine symphonique avec le plus grand nombre et pour cela, on essaie de le placer à la portée de tous. Cela passe par notre souhait de jouer à Paris comme en banlieue, mais aussi de décloisonner l’univers de la musique symphonique notamment au niveau des protocoles.
Luca : La musique classique est encore trop vue comme un genre inaccessible mais n’oublions pas que les musiques dites « savantes » comme Les 4 Saisons de Vivaldi ou encore La Flûte enchantée de Mozart sont des morceaux composés pour le peuple. Mozart écrivait même dans ses lettres que les gens applaudissaient entre les mouvements et qu’il adorait ça. Après, on en a fait des conventions pendant des siècles qui ont fait qu’on s’est détaché du public populaire. On essaie petit à petit de les gommer et de faire évoluer les choses pour ramener cette musique-là vers tous les publics à travers nos concerts mais aussi nos actions de médiation.
Natacha : Par exemple, l’ONDIF met vraiment un point d’honneur à se rendre dans les hôpitaux et les prisons sans oublier les écoles où nous organisons des rencontres mais aussi des ateliers pour toutes les générations (de 0 à 3 ans et jusqu’au lycée).
Luca : Il est important de partager ce patrimoine musical mais également de faire connaître les établissements. Dans le Val d’Yerres par exemple, il y a de vraies possibilités pour les gens qui aiment la musique d’en faire faire à leurs enfants et d’en faire en tant qu’adultes amateurs. Les conservatoires du Val d’Yerres sont excellents, avec des professeurs talentueux et un coût d’inscription basé sur le quotient familial depuis l’année dernière. Sans oublier, l’offre culturelle qui est vraiment très riche sur le territoire, nous avons beaucoup de chance.
· Et justement, quelle serait selon vous l’œuvre idéale pour faire découvrir la musique symphonique ?
Luca : Ce qui me parle le plus et ce qui peut parler au public, ce sont les poèmes symphoniques ou les œuvres à thèmes comme la Symphonie du Nouveau Monde justement, ou encore la Symphonie alpestre de Strauss. En plus d’être de la très bonne musique, de très bons compositeurs, ça parle aux gens parce que ça raconte une histoire.
Natacha : C’est vrai que Dvořák est un compositeur que je conseille à tous ceux qui souhaitent découvrir la musique symphonique. C’est une valeur sûre, c’est tellement naturel et agréable à écouter ! Il y a aussi Edvard Grieg qui fait partie de mes compositeurs préférés et qui a fait beaucoup de morceaux que beaucoup connaissent déjà sans le savoir.