« L’équitation, c’est plus qu’une passion, c’est mon quotidien. »
Ninon Forget, Brunoyenne et cavalière non-voyante
À cheval depuis l’âge de 5 ans, Ninon n’a pas de souvenirs de sa vie sans l’équitation. « C’est plus qu’une passion, c’est mon quotidien », déclare-t-elle. C’est pourquoi en 2020, alors qu’elle est victime d’un accident à cheval, il n’est pas question pour elle d’abandonner. Aujourd’hui cette Brunoyenne a su adapter son sport à son handicap. Rencontre d’une sportive au parcours de vie impressionnant.
Ses premiers chevaux, c’est à l’âge de 3 ans qu’elle les a caressés. Inscrite très jeune à des cours d’équitation, Ninon passe ses premiers concours lorsqu’elle a 9 ans. Année après année, elle gravit les échelons, obtient les galops et concours en circuit amateur élite catégorie saut d’obstacle, la plus haute distinction en amateur, lorsqu’elle est en 3e.
En juin 2020, à 17 ans, la vie de Ninon bascule. Alors qu’elle souhaite rattacher une protection sur la patte arrière de son cheval, celui-ci lui donne un coup de sabot sur le visage. Écran noir. Ninon perd la vue sur l’instant. De manière totale et définitive. S’en suit deux semaines à l’hôpital, 8 opérations et 2 réparations du visage. Pour certains, cet accident aurait été un point final à la pratique du sport, mais pas pour Ninon. « Je ne me suis jamais posée la question d’arrêter. L’amour pour mes chevaux et ce sport m’a permis de me relever et il était évident que j’allais trouver un moyen de rester liée à ce milieu », avoue-t-elle.
Trois mois se sont écoulés et après d’intenses discussions avec ses proches et ses médecins, Ninon remet le pied à l’étrier et monte en selle. Dans un premier temps, il faut se réadapter. Retrouver ses repères, son équilibre. Prendre ses marques. Petit à petit, la jeune cavalière gagne en assurance et parvient à maîtriser son cheval, aidée par sa monitrice Virginie. En décembre, refaire du saut d’obstacles est de nouveau envisageable mais il faut trouver une nouvelle manière, une technique adaptée à son handicap. Après avoir échangé avec un autre cavalier aveugle, la Brunoyenne et sa monitrice mettent en place un système de guidage grâce à des crieurs positionnés au niveau des obstacles. « Là », « i », « é », sont les sons de code permettant à la cavalière de s’orienter et d’ajuster sa trajectoire, plus ou moins serrée et ainsi passer l’obstacle sans trop de difficulté.
Au-delà de l’aspect technique, il est également nécessaire d’avoir le bon compagnon. « Chaque cheval a une sensibilité et une compréhension différente. Ils peuvent avoir des réactions très fortes et ne pas réussir à sauter. J’ai rencontré Alvaro il y a 3 ans maintenant et la création de notre équipe s’est faite naturellement. Il a tout compris, très vite », nous explique Ninon.
Des rêves plein la tête
Avant son accident, Ninon rêvait de concourir à haut niveau. Elle a effleuré ce rêve mais n’a pas eu le temps d’y parvenir dans la catégorie saut d’obstacles. Grâce à sa force de caractère et sa détermination, elle n’a pas abandonné ce rêve pour autant. « L’équitation, c’est mon moteur », déclare-t-elle. Alors elle est remontée, s’est accrochée et bien que le saut n’existe pas en handisport, elle s’est ouverte et s’est orientée vers le paradressage. Pour cela, il a fallu trouver une nouvelle jument, une nouvelle coach, Mary, et tout apprendre. Son objectif ? Atteindre les Championnats de France en 2025. Son rêve ? Faire du haut niveau.
Aujourd’hui âgée de 21 ans et étudiante en fac de philosophie, la vie de Ninon s’organise autour de ses cours, ses partiels, ses entraînements et ses concours. « J’aime beaucoup la philo et c’est la seule matière que j’arrive à étudier à côté de la pratique de l’équitation », avoue-t-elle. Lorsqu’on lui demande de choisir entre ses études et sa passion, elle déclare que « ça sera toujours la passion ».
Son avenir, Ninon l’imagine donc avec les chevaux bien qu’elle ne sache pas encore quel métier elle va exercer. Elle avance, au pas, vers une vie enrichissante et avec un mental digne d’un fier destrier : noble et fort.